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Le canton du Jura plonge dans l’incertitude. Située dans le nord-ouest de la Suisse, cette région, l’un des principaux bassins de production des montres helvétiques, est confrontée à une « nette dégradation » des ventes de produits horlogers à l’étranger. « Les exportations ont enregistré une forte baisse en septembre », a souligné la Fédération de l’industrie horlogère suisse, dans sa note mensuelle, parue jeudi 17 octobre. La chute atteint 12,4 % en valeur, après une « courte embellie durant l’été », marquée par un rebond de 6,9 % en août.]
Le secteur, qui dépend de la bonne santé des marchés américain (15,6 % de ses exportations en 2023) et chinois (10,3 % pour la Chine et 8,8 % pour Hongkong), s’interroge sur l’évolution de la conjoncture. En septembre, les exportations horlogères ont plongé de 49,7 % en Chine et de 34,6 % à Hongkong. Outre-Atlantique, elles ont progressé de seulement 2,4 %.
En l’espace de quelques mois, le marché s’est totalement retourné. En 2022 et 2023, la filière horlogère helvétique a connu des années folles, avec une envolée des ventes à l’étranger. Pour répondre à l’afflux de commandes, les manufactures ont embauché à tour de bras. Les effectifs du secteur ont ainsi bondi de 7,7 % en 2023, pour atteindre 65 000 personnes, selon les chiffres de la Convention patronale de l’industrie horlogère suisse. Parmi eux figurent près de 25 % de Français, qui traversent la frontière pour travailler dans le pays.
Aujourd’hui, cependant, les commandes ralentissent, et les stocks de la plupart des horlogers sont pleins. Plusieurs entreprises ont fait appel à l’Etat pour réduire le temps de travail dans leurs ateliers et obtenir la prise en charge de la rémunération des employés concernés, à hauteur de 80 % pour dix-huit mois.
Ces mesures dites « de RHT » (réduction des horaires de travail) ont été mises en place, notamment au sein du groupe Sowind, qui détient Ulysse Nardin et Girard-Perregaux, deux anciennes filiales du groupe Kering cédées en 2022 à son management. Dans ces deux manufactures, établies respectivement au Locle et à La Chaux-de-Fonds, des mesures de RHT sont à l’œuvre ponctuellement depuis le printemps. Elles concernent « un peu plus de 15 % des effectifs, soit 50 des 300 salariés en Suisse », précise Patrick Pruniaux, directeur général et cofondateur du groupe Sowind.
Les sous-traitants ont aussi recours au RHT suisse. « En général, ce sont les premiers à devoir réduire leurs effectifs », analyse Raphaël Thiémard, responsable du syndicat Unia. D’après la Convention patronale de l’industrie horlogère suisse, près de 15 % des 700 entreprises du secteur sont concernées. Pour l’heure, Unia n’est pas inquiet. « L’industrie est toujours cyclique. Et la proportion de fabricants y ayant fait appel est encore marginale », observe M. Thiémard.
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